06 août 2022

Les ruisseaux

Quand l'eau se retrouve dans un ruisseau, on dirait qu'elle a l'air de se sentir en vacances.

Tantôt, on dirait qu'elle veut se reposer un peu, bien tranquille, tantôt, on la voit s'agiter dans tous les sens, comme si elle voulait alors nous exprimer sa joie d'être là, en courant, en sautant, en dansant, et en chantant.

L'eau qui nous communique sa joie, le décor tout ce qu'il y a de plus naturel, et les oiseaux qui chantent tout près à qui peut mieux, voilà le genre de choses qu'on a de bonnes chances de trouver aux abords de la plupart des ruisseaux, n'est-ce pas?

Et ce sont là des choses qui créent une ambiance pleine de potentiel pour nous ressourcer physiquement et mentalement, ou, à tout le moins, pour nous permettre de faire une réserve de bons souvenirs...

Parce que, des bons souvenirs de ruisseaux, moi, pour ma part, j'en ai quelques-uns, dont les deux que je vais vous raconter ici, et qui datent de mon enfance:

Mon premier souvenir de ruisseau remonte à quand j'avais environ six ans.

J'accompagnais mon père qui était allé chercher les vaches à l'autre bout de la terre, et, à un moment donné, nous nous sommes retrouvés face à un ruisseau peu profond, mais d'une bonne largeur.

Quelle ne fut pas ma surprise, de voir apparaître tout à coup devant nous toute cette eau claire couler bruyamment et à un bon débit sur un beau gravier parsemé de plusieurs roches de différentes grosseurs! Ça m'a paru un dangereux rapide, et pas besoin de vous dire que ça m'a franchement impressionné, moi qui n'avais encore jamais vu un ruisseau de près de toute ma jeune vie.

Il faut dire que je n'ai pas eu le temps de voir ce ruisseau bien longtemps, par contre, dix minutes, peut-être, tout au plus, car mon père était occupé à courir après les vaches et que moi, je le suivais de près; et aussi surprenant que cela puisse paraître, je n'ai jamais eu la chance de revoir ce ruisseau depuis, mes parents ayant déménagé sur une autre ferme peu de temps après.

J'avoue que j'aimerais bien cela, des fois, voir ce qu'il est devenu ce ruisseau-là, aujourd'hui...

Mon deuxième souvenir de ruisseau, c'est celui où je suis allé "à la pêche" pour la première fois de ma vie.

Je devais avoir sept ou huit ans, et je m'étais fait conter des histoires de pêche par mes petits copains à l'école.

Toujours est-il qu'il m'a pris l'idée, à un certain dimanche après-midi du mois de juillet, d'aller m'essayer dans le petit ruisseau qu'il y avait sur la deuxième ferme de mes parents. Une vraie maladie, je vous le dis, et je me suis mis alors en frais d'utiliser tout mon pouvoir de persuasion pour sécuriser ma mère, et pour lui arracher tant bien que mal la permission d'y aller avec mon frère cadet Gilles.

Ce ruisseau-là, il était à environ un km de distance de la maison, et il était plus petit que le premier dont je vous ai parlé précédemment; j'avais eu quelques occasions de traverser ledit ruisseau auparavant pour aller cueillir des petits fruits plus loin sur la terre, et j'avais remarqué, comme ça, en passant, qu'il y avait des poissons dedans.

Des petits poissons, faut-il le préciser, malgré que je me disais que s'il y avait des petits poissons, il devait bien y en avoir des plus gros aussi de cachés quelque part, et qu'il s'agissait simplement de chercher un peu pour les trouver.

Alors, nous nous sommes confectionnés des lignes à pêche rudimentaires avec des bouts de branches, de la grosse corde blanche, et des hameçons sur-dimensionnés que nous avons trouvés dans les affaires de mon père, nous avons ramassé une dizaine de vers de terre sous des roches autour de l'étable, nous avons mis ces vers de terre dans une boîte de conserve en tôle avec un peu de terre par-dessus, et nous sommes partis en vitesse pour notre fameuse excursion de pêche.

Il fallait se dépêcher, parce que nous n'avions pas beaucoup de temps devant nous, et que nous voulions ramener le plus de poissons possibles à la maison, question de prouver à ma mère qu'elle n'avait pas raison de nous dire que nous ne prendrions rien là.

Eh bien, elle avait raison, car nous sommes effectivement revenus bredouilles, et tard dans l'après-midi, en plus, c'est-à-dire un peu passé l'heure du souper. Bredouilles et épuisés, parce que nous avions descendu le long du ruisseau sur un bon km, sans trouver les fameux gros poissons que nous cherchions tant. Nous n'avons tellement rien trouvé que nous n'avons même pas pris la peine, si je me souviens bien, de mettre notre ligne à l'eau!

J'imagine que les événements que je viens de vous raconter peuvent vous paraître un peu moches, mais je vous assure qu'il m'est devenu bien agréable de me les remémorer avec le temps...

Bien sûr, les ruisseaux peuvent causer des dommages importants quand ils débordent, et non, je ne ferme pas les yeux sur les inconvénients que peut comporter ce beau cadeau de Dieu, malgré qu'à tout considérer, je préfère, tant qu'à moi, l'avoir avec ses inconvénients, que de m'en passer.

Car je suis plutôt du genre à trouver qu'il y a toujours moyen de chercher à s'adapter quand on veut vivre en harmonie avec quelque chose qu'on ne peut pas changer...

Maintenant je m'en voudrais de finir sans vous parler de la chanson à laquelle les ruisseaux me font penser, avec leur eau qui s'agite et qui bouge. Il s'agit de la célèbre chanson "L'eau vive" de Guy Béart, une chanson que j'avais eu du plaisir à "pratiquer" dans des cours de chants à mon école, pendant mon adolescence.

Si vous voulez entendre, ou ré-entendre, peut-être, cette magnifique chanson, je vous suggère la vidéo qui suit, publiée sur YouTube par maya anto. C'est un beau montage réalisé sur un fonds d'images tirées du célèbre film "Manon des Sources".

On peut trouver des détails sur le film "Manon des Sources" ici sur Wikipedia.

Alors, oui, merci, mon Dieu, pour les ruisseaux!