Il peut être absent, il peut être parti, et son rôle est beaucoup moins clair que celui d'une mère, mais rares sont ceux qui n'ont pas bénéficié à un moment ou à un autre de leur vie de ce que leur père a pu leur apporter.
Personne en effet ne peut prétendre qu'il aurait pu se passer complètement d'un père, ne serait-ce que parce qu'il a eu besoin de sa semence pour être engendré, n'est-ce pas?
En tout cas, mon père à moi a fait beaucoup plus que cela, et il a beau avoir quitté ce monde, que cela ne m'empêche pas de continuer à apprécier, encore aujourd'hui, le beau cadeau que Dieu m'a fait en me le donnant, parce que je calcule que je continue toujours à bénéficier de ce qu'il a été, et de ce qu'il a fait pour moi.
Aussi ai-je le goût de vous livrer ici aujourd'hui, histoire de vous le faire connaître un peu, l'éloge funèbre que j'ai lu lors de ses funérailles en février 2007:
Début de l'éloge funèbre de papa
Quand je parlais à mon père, je lui disais “Vous”. “Papa, voulez-vous une telle chose?”, “Papa, qu'est-ce que vous en pensez?” J'ai fait ça depuis que j'ai commencé à parler, jusqu'à maintenant, et je suis rendu à 61 ans.
Je ne dis pas ça pour me vanter, parce que, de toute façon, c'était la norme chez nous. Une norme qui s'est installée d'elle-même au début, de par l'influence de la société d'alors, et qui n'a jamais été remise en question.
Est-ce que le vouvoiement a créé une certaine distance entre mon père et ses enfants? Peut-être...
Est-ce que cela nous a empêché de l'aimer? Pour ça, par exemple, je ne le pense pas. En tout cas, pas en ce qui me concerne, parce mon père, je l'ai aimé; je l'ai vraiment aimé, mon père, même si ça n'a pas toujours paru, j'imagine, à cause des divergences de vues que j'ai souvent eues avec lui.
Au début, j'ai aimé en papa celui de qui je dépendais; et puis, graduellement, avec les années, je me suis mis à aimer en papa celui envers qui je ressentais de la reconnaissance, une IMMENSE RECONNAISSANCE, d'ailleurs.
Papa, je l'ai aimé, donc, mais je ne l'ai pas seulement aimé, je l'ai admiré aussi, souvent, et en particulier quand je voyais ce qu'il pouvait faire, avec si peu.
Premier exemple récent: il n'y a même pas dix jours, alors qu'il était en train de mourir, et qu'il pouvait à peine parler, pauvre lui, je l'ai entendu dire distinctement: “Dieu est bon.” Une toute petite phrase de rien du tout (seulement trois mots, 10 lettres), mais quelle belle annonce il a fait à Dieu, à ce moment-là!
Moi, il m'aurait fallu, je pense, utiliser au moins dix fois plus de mots pour avoir le même effet, et encore, je n'en suis pas certain...
Il est évident que papa aimait beaucoup Dieu, et je pense qu'on peut ajouter, sans trop se tromper, qu'il a vraiment fait son possible pour bien le servir toute sa vie.
Bien sûr, je ne suis pas le Grand Évaluateur, mais je pense que si je l'avais été, je lui aurais donné une note de presque 100%. Pas 100% tout rond, parce que personne n'est parfait, mais je pense que je n'aurais pas hésité un instant à lui accorder une “mosusse” de bonne note, au moins, en tout cas, comme mari pour maman, et comme père pour ses sept enfants.
Un autre exemple, plus global, cette fois, de ce que papa a pu faire avec peu: c'est ce qu'il a fait dans toute sa vie, avec si peu d'instruction. Une 4e année seulement! Pas parce qu'il n'était pas intelligent, mais parce que son père à lui avait besoin de bras sur la ferme. C'était la Crise, dans ce temps-là, et c'était pas facile.
En réalité, papa en a fait plus dans sa vie, je pense, que moi, je ne pourrai jamais en faire, avec au moins quatre fois plus d'instruction.
Franchement fascinant!
Comment je pourrais résumer, en une seule phrase, ce que papa a été pour moi?
Eh bien, papa, pour moi, ce fut tout un homme, un homme dont je suis très fier d'être le fils aîné.
Merci, mon Dieu, pour le père que tu m'as donné.
Merci, mon Dieu, pour m'avoir permis de lui rendre ce modeste hommage, aujourd'hui.
Fin de l'éloge funèbre
Alors, oui, encore une fois, merci, mon Dieu, pour mon père!