11 septembre 2021

Les voitures

Vous est-il déjà arrivé de rêver d'avoir une voiture?

Eh bien, moi, ça m'est arrivé, et plusieurs fois, à part ça, dans mes années d'adolescence, après avoir quitté l'école.

Je travaillais alors pour mon père qui avait un commerce de meubles, et j'ai hérité à un moment donné de la tâche de faire la livraison des meubles les samedis, et des fois, à l'occasion, les autres jours de la semaine.

J'avais donc mon permis de conduire, malgré que je n'avais pas "d'auto", comme on nommait plutôt les voitures par ici à l'époque.

Et la raison pour laquelle je n'avais pas d'auto, ce n'était pas, en tout cas, parce que ça ne m'aurait pas été pratique, au contraire, étant donné que le magasin de meubles de mon père ainsi que le domicile familial étaient situés à l'extérieur de la ville.

C'était simplement parce que je ne pouvais pas me le permettre financièrement parlant, ne faisant que commencer à travailler, et n'ayant pas encore beaucoup d'économies.

Alors, quand j'avais quelque chose à faire en ville pour moi-même, j'essayais de faire adonner cela avec une livraison de meubles, et quand ce n'était pas possible, j'essayais de m'arranger autrement, comme en "faisant du pouce", ou en prenant l'autobus, par exemple, mais jamais cependant en demandant à mon père de me prêter son auto.

Parce que, comme on disait dans le temps, "Une auto, ça se prête pas.". Mon père ne m'aurait probablement pas refusé, j'imagine, mais en me mettant à sa place, je me disais que je n'aurais pas aimé cela, moi non plus, prêter mon auto, et ne voulant pas l'ennuyer avec ça, je me suis abstenu tout simplement de le lui demander.

Même pour le camion de livraison, il a fallu que je sois vraiment mal pris pour demander à mon père à quelques occasions de me le prêter pour régler des affaires personnelles, parce que, agissant un peu comme le contrôleur dans le commerce de mon père, je ne cessais de répéter que les biens du commerce n'étaient pas pour usage personnel, et que je me sentais l'obligation de donner l'exemple.

Alors, c'est dans ce contexte-là que j'ai rêvé d'avoir une auto, du moins jusqu'au fameux vendredi soir où j'ai vu une belle Chevrolet Biscayne 59 en vente dans une cour d'autos usagées, où je m'étais arrêté après être allé faire le dépôt à la banque pour le commerce, comme je le faisais d'ailleurs à tous les vendredis soirs.

C'était une auto que j'avais trouvée plutôt bizarre au début, quand elle est sortie, avec son couvercle de valise en forme de V, mais que j'avais néanmoins appris à aimer avec les années, sa grande popularité aidant. Mais surtout, elle se montrait là fièrement devant moi sous son meilleur jour, avec un "vrai millage" plausible, et à un prix correspondant à mes moyens. La chance de ma vie, quoi!

J'ai donc décidé de me risquer à faire une offre au vendeur, une offre plutôt audacieuse, et un brin provocatrice, admettons-le, question de commencer à quelque part la négociation, et, à ma grande surprise, cette offre-là a été acceptée telle quelle, et sur-le-champ, donc!

Ce fut tellement une surprise pour moi, d'ailleurs, que j'en ai perdu tous mes moyens d'acheteur avisé. C'était pas le temps de faire le difficile, que je me suis dit, de sorte que l'inspection s'est vite faite: une vingtaine de minutes tout au plus, je dirais, le temps de faire tourner le moteur quelques minutes, de regarder un peu sous le capot, et de faire le tour de l'auto.

Évidemment, ce n'était pas là la meilleure façon de procéder pour acheter une auto usagée, et je n'ai pas tardé à m'en rendre compte en faisant un peu de route avec celle-ci.

Mettez ça sur le compte de l'inexpérience, mais j'étais loin de me douter qu'on puisse même essayer de vendre une auto en aussi mauvais état: le moteur "pompait" l'huile comme un bon, en produisant un gênant nuage de grosse boucane à la sortie du tuyau d'échappement, la transmission se débrayait toute seule à tout moment en troisième vitesse, et le différentiel grondait comme s'il était pour éclater.

En fait, cette auto-là était en tellement mauvais état que j'ai dû la refaire presqu'au complet, en incluant la carosserie, parce qu'au bout de quelques mois, ce fut au tour de la rouille de commencer à sortir de partout, imaginez!

J'ai donc acheté une auto accidentée du même modèle pour en prélever les pièces de mécanique, j'ai remplacé le moteur, la transmission et le différentiel, et quelques autres pièces, et, pour ce qui est de la carosserie, je l'ai fait refaire par un bon voisin qui m'a fait un prix de faveur.

Je calcule que je m'en suis quand même tiré assez bien, malgré tout, sans compter que l'expérience acquise lors de cet achat d'auto m'a sans doute servi lors de l'achat des sept autres véhicules-automobiles usagés qui ont suivi dans ma vie, jusqu'à aujourd'hui.

En fait, sauf pour ma Pontiac La Parisienne 2+2 que j'ai achetée neuve en 67 parce que j'avais à voyager beaucoup dans ce temps-là, j'ai toujours acheté usagées mes voitures, et en outre, j'ai pas mal toujours fait l'entretien de mes voitures moi-même dans la mesure du possible, de sorte que j'ai sans doute pu réaliser d'importantes économies, sans pour autant me priver de ce qui m'a toujours intéressé le plus dans une voiture, soit la commodité.

En tout cas, je considère avoir reçu ma bonne part du beau cadeau de Dieu que sont les voitures, étant donné que j'en ai toujours eu une à ma disposition sur une période de plus de cinquante ans déjà.

Par ailleurs, est-il vraiment indispensable de posséder une voiture pour bénéficier de ce cadeau de Dieu?

Ne peut-on pas, en effet, se déplacer quand même en voiture, mais en utilisant les services de co-voiturage, d'accompagnateurs, de location de voitures, de taxis, ou encore, en voyageant simplement avec des parents ou des amis qui se font normalement un plaisir de nous accommoder ainsi avec leurs voitures?

Je le pense, et je le pense encore plus au fur et à mesure que mes besoins en termes de déplacement se précisent et se simplifient, au gré de l'évolution de ma situation personnelle...

Au fait, en rapport avec ma fameuse Chevrolet Biscayne 59, se peut-il que vous ne sachiez pas trop à quoi ça peut bien ressembler, cette voiture-là? Eh bien, en voici une photo qui a été prise par Douglas Wilkinson et qu'il est possible de voir sur la page anglaise de Wikipedia intitulée "Chevrolet Biscayne" :

Chevrolet Biscayne 1959

Alors, oui, merci, mon Dieu, pour les voitures!